L'importance de l'alimentation dans le bien-être du cheval
On parle souvent de la notion de « bien-être » mais on fait rarement le lien avec l'alimentation. Et pourtant elle est, comme chez l'homme, la base de la « santé ». Bien nourrir son cheval n'est pas chose simple. On est souvent dépendant du rythme et des choix de l'écurie dans laquelle on se trouve, et on croule sous les multiples compléments alimentaires qu'on nous propose de partout sur internet... Alors on complémente, on complémente pour « donner de l'énergie », calmer le stress, stimuler le système immunitaire, traiter les problèmes digestifs, améliorer la locomotion, la qualité de la corne et des crins... Bref tout est prétexte à complémenter, mais d'où nous vient cette nouvelle habitude ? Pourquoi nos chevaux en ont-ils besoin ? Et surtout connaissons-nous vraiment leur carences et les conséquences qu'elles ont sur leur organisme ?
La nutrition n'est pas une science exacte, elle dépend du cheval en lui-même, de son mode de vie, de l'intensité de son activité, etc. Je vous propose simplement ici quelques éléments de réflexion afin de vous permettre d'équilibrer au mieux les rations de vos chevaux.
Et si on se posait les bonnes questions ?
Aujourd'hui nos chevaux sont souvent trop gros et/ou carencés et développent des pathologies ostéo-articulaires et musculo-tendineuses, des ulcères gastriques, sont sujet à des coliques, et toutes ces douleurs internes provoquent inévitablement des comportements agressifs, des refus de réaliser certains mouvements au travail, ce qui devient parfois ingérable pour le cavalier.
Le régime alimentaire pourrait-il être la cause de ces différents troubles ? Il y a fort à parier...
Le premier point que je vais aborder c'est la dépendance alimentaire du cheval domestique. Beaucoup de chevaux vivent au box ou en paddock, ils y sont privés de mouvement et n'ont pas un libre accès à l'alimentation. Ils sont alors dépendants de l'homme pour manger. Or le système digestif du cheval fonctionne 24h/24, même lorsque le tube digestif est vide. À l'état naturel le cheval marche et mange, mange et marche toute la journée ! Le rationnement et les contraintes horaires qui lui sont imposées pour manger provoquent des troubles digestifs et favorisent l'apparition de problèmes comportementaux tel que l'impatience, les stéréotypies, l’agressivité...
La première chose à faire serait d'offrir à son cheval un lieu de vie où il serait libre de ses mouvements, pourrait interagir avec ses congénères et ou le foin serait distribué à volonté. Dans l'idéal ce lieu proposerait une grande biodiversité afin que les chevaux puissent chercher dans la nature les plantes dont ils ont besoin. Et oui, ils savent eux-mêmes ce dont ils ont besoin... Attention, cela dépend tout de même de s’ils ont pu apprendre auprès de leurs congénères étant jeunes, et de si leur milieu de vie le leur a permis. Par exemple un cheval qui a vécu en boxe toute sa vie, ou un cheval sevré trop jeune et mit au près avec d'autres poulains non éduqués, n'aura pas la connaissance de la végétation qui l'entoure. Sinon, ils peuvent encore apprendre une fois adultes si on les intègre dans un troupeau qui s’y connait et qu’on lui donne le temps et les moyens d’apprendre.
En parlant de variété... il est indispensable que la ration soit variée et équilibrée afin de pallier à toutes carences. Les fibres doivent constituer la base de l'alimentation, soit fraîches comme dans l'herbe, soit sèches comme dans le foin. Il est donc primordial de faire analyser son foin afin de connaître sa composition et d'avoir une base pour ajuster le reste de la ration. Vous pouvez proposer différents types de foin à vos chevaux, foin de montagne, de Crau, de prairie, sainfoin... Laissez-leur le choix, les chevaux iront d'eux-mêmes vers le foin dont ils ont besoin.
Les céréales doivent être distribuées avec modération, c'est un aliment très sec et riche en amidon. Elles peuvent être un complément énergétique occasionnel pour les chevaux qui fournisse une masse importante de travail. On sait maintenant que ça n’est pas le meilleur moyen d’avoir une bonne réponse musculaire, en réalité il est plus efficace de distribuer un foin plus riche que de donner des céréales pour les chevaux à grands besoins énergétique (travail intense, croissance, lactation, etc...). Une bonne façon de distribuer les céréales est de les faire germer. L'amidon se transforme alors en sucre plus simples et solubles, et les protéines tel que le gluten sont décomposées et laissent apparaître des acides aminés solubles. Ces acides aminés directement assimilables et utilisables pour l'animal lui permet une économie d'énergie digestive conséquente. Attention cependant à la quantité distribuée qui doit être minime, pour ne pas provoquer des excès qui sont aussi néfastes que les carences !
Les vitamines et oligo-éléments sont des constituants essentiels de la ration. Ils doivent être apportés en quantité suffisante et il faut respecter un certain équilibre entre eux afin de ne créer aucune carence.
Équilibrer une ration paraît relativement compliqué... et ça l'est ! Comprendre et calculer une ration n'est pas simple pour tout le monde, c'est pourquoi je vous recommande de faire appel à un nutritionniste professionnel... Comme ça pas besoin de vous prendre la tête et vous êtes sûr que les choses seront bien faites... après tout c'est son métier !
Et l'eau dans tout ça ? L'eau est un constituant fondamental de l'organisme, des cellules, un cheval de 500kg c'est 350L d'eau ! Le corps d'un mammifère adulte contient en moyenne 70% d'eau. Son rôle est d'hydrater les structures, de leur apporter des éléments nutritifs et de l'oxygène et d'éliminer les déchets. L'apport d'eau peut se faire directement en buvant mais aussi via les aliments frais (fruits, légumes, herbe). Cette eau végétale est une véritable eau biologique, elle porte l'empreinte vibratoire de la plante et les éléments minéraux dissous sont parfaitement assimilables. Malheureusement les traitements chimiques conduisent à une eau « morte » voire toxique. Ainsi l'eau est un tissu organique vivant, informé et informant, doté de propriété physique et énergétique variables selon les conditions du milieu. Elle reçoit des informations du milieu dans lequel elle évolue, et les mémorise par une variation de l'architecture de ses molécules (des études ont été menées à ce sujet en étudiant la cristallisation de l'eau dans différentes conditions).
Or le cheval moderne ne consomme bien souvent que des aliments secs, déshydratés, désinformés. Pourtant l'effort sportif implique un fort besoin en eau afin de refroidir les masses musculaires et d'éliminer les toxines.
Mais alors quelles sont les conséquences d'une mauvaise alimentation sur l'organisme ?
Les premiers organes à pâtir des carences sont les phanères. Les poils, les crins et les pieds sont donc les premiers témoins de la qualité de l'alimentation. On peut alors observer un poil terne, piqué, des pourritures du pied, des déformations ou des craquelures de la sole.
Les troubles digestifs tel que les ulcères ou les inflammations provoquent des douleurs au niveau du rachis, plus précisément des dorsales. Si elles durent dans le temps elles peuvent occasionner des dysfonctions ostéopathiques qui peuvent être à l'origine d'une chaîne lésionnelle complexe. Et en bout de chaîne on se retrouve finalement avec un cheval qui refuse de sauter ou de piaffer et qui est douloureux sous la selle, refusant même de porter son cavalier.
Il est tout aussi important de faire vérifier les dents une fois par an car l’alimentation impacte grandement sur la sphère bucco-dentaire (qualité de la dent, usure régulière, etc…). Le type d’alimentation va donc être à l’origine des douleurs ce qui engendrera une mauvaise mastication des aliments.
Et un bol alimentaire « mal mastiqué » est un bol alimentaire mal assimilé : si votre cheval assimile mal sa ration vous pourrez la complémenter tant que vous voudrez, les carences ne seront pas comblées. Se nourrir, passe par la bouche quelle que soit l’espèce animale.
Enfin, un cheval bien alimenté, qui peut se déplacer et avoir des contacts sociaux est un cheval dont l'équilibre mental et émotionnel est préservé. Et tout le monde sait qu'un sportif avec un bon mental est un sportif plus performant !
Cette réflexion est le résultat d'une collaboration entre plusieurs professionnels, n'hésitez pas à nous questionner si vous avez besoin d’éclaircir certains points :
Manon Cazau, ostéopathe animalier
Marie-Laure Guénot, conseillère en agro-écologie équine
Alexa Le Tiec, dentiste équin
Jean-Sébastien Marroq, maréchal ferrant
Horseandenergy, Education et rééducation du cheval en méthode éthologique, soins énergétiques
Isabelle Devambez, Saddle Fitting